À partir du 27 mai, Meta va utiliser les données personnelles de ses utilisateurs afin d’entraîner ses modèles d’Intelligence Artificielle (IA) générative. Cette évolution vous concerne directement car derrière cette décision, se cachent des enjeux cruciaux de vie privée, de transparence, de propriété intellectuelle et de concurrence. Focus sur les enjeux concrets de ce changement pour votre entreprise.
Contexte
Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé une mise à jour majeure de sa politique de confidentialité. À compter du 27 mai 2025, les contenus que vous publiez, partagez ou commentez sur ses plateformes pourront être utilisés pour entraîner et améliorer ses modèles d’IA générative. Cela inclut :
- les commentaires et les publications ainsi que toutes vos interactions publiques depuis la création de votre ou de vos compte(s).
- toutes vos interactions avec les services d’IA de Meta
A noter que ce changement ne concerne pas les données des moins de 18 ans ainsi que toutes les conversations privées des utilisateurs adultes. Whatsapp ne serait de ce fait pas concerné par ceci.
Quoi qu’il en soit, pour l’entraînement de ses modèles d’IA générative, Meta se fonde sur l’intérêt légitime et non le consentement. C’est donc à l’utilisateur d’agir s’il ne souhaite pas que ses données soient utilisées pour entraîner les modèles d’IA de Meta.
En 2024, Meta avait déjà exprimé son souhait d’utiliser les publications et photos publiques de ses utilisateurs afin d’entraîner ses modèles d’IA. Le projet avait toutefois été suspendu après les échanges entre Meta et l’autorité de protection des données irlandaises sur la base juridique et la transparence d’une telle pratique.
Meta a décidé de relancer le projet suite à une décision du Comité européen de protection des données (CEPD) de décembre 2024. Dans celle-ci, le CEPD considère que l’intérêt légitime peut être choisi comme base légale dans le cadre du développement ou du déploiement des modèles d’IA.
Les réactions
De nombreuses voix se sont levées en réponse à l’annonce de Meta.
Les autorités européennes échangent actuellement et collaborent pour apprécier la légalité du traitement envisagé par Meta. Meta a aussi été interrogé sur l’utilisation potentielle de photos de mineurs, quand elles sont partagées par des adultes.
Une agence de protection des consommateurs allemande a par exemple mis en demeure Meta de mettre fin au projet d’entraînement de ses modèles d’IA dans l’UE et a mentionné qu’elle n’hésiterait pas à prendre des mesures juridiques plus lourdes si l’entreprise ne respectait pas sa demande.
L’association None of Your Business (noyb), dirigée par Max Schrems, avait quant à elle déjà déposé une plainte auprès de plusieurs autorités de protection des données lors de l’annonce initiale de Meta en 2024. Elle l’accusait notamment de contourner le consentement requis par le RGPD.
Cet article pourrait aussi vous intéresser : Twitter (X), IA et RGPD : 9 plaintes déposées pour Utilisation Illégale des Données Personnelles
Pourquoi cela concerne aussi votre entreprise
Cette décision de Meta n’est pas anodine. Elle signifie que vos interactions numériques – même anciennes – peuvent être exploitées pour développer des technologies que vous ne contrôlez pas. Cela est d’autant plus important qu’une fois les données intégrées dans ses systèmes d’IA, leur suppression, correction ou leur simple accès devient très complexe.
Par ailleurs, si vous utilisez Facebook ou Instagram pour votre activité professionnelle cette décision de Meta peut impacter directement votre stratégie, vos contenus et votre image :
Exploitation de vos contenus à d’autres fins
Les textes, visuels et vidéos publiés sur vos pages peuvent être utilisés sans compensation pour entraîner des modèles qui serviront à d’autres entreprises ou à Meta elle-même. En clair, votre travail créatif peut nourrir des outils concurrents ou des algorithmes générateurs de contenu similaire.
Perte de contrôle sur l’image de marque
Votre communication, vos slogans, vos éléments visuels distinctifs pourraient être analysés et « digérés » par l’IA de Meta. Cela implique que votre identité de marque pourrait indirectement inspirer ou être imitée dans des contenus générés automatiquement, ailleurs sur la plateforme, sans que vous en soyez informé.
Risques juridiques sur les droits d’auteur
Les entreprises qui publient des contenus protégés (photos professionnelles, créations graphiques, textes marketing originaux) pourraient se retrouver dans une zone grise : ces œuvres peuvent servir à entraîner des IA, alors même que les droits d’auteur ne sont pas censés s’éteindre. Cela pourrait entraîner des conflits futurs sur la propriété intellectuelle.
Concurrence biaisée
Des outils d’IA pourraient être proposés à d’autres utilisateurs (ou annonceurs) qui tirent indirectement parti de vos contenus pour générer des posts plus performants, sans jamais avoir investi dans une stratégie de contenu. Cela crée un déséquilibre concurrentiel, surtout pour les PME et les créateurs indépendants.
Ce que vous pouvez faire
Si vous ne souhaitez pas que vos données soient utilisées pour entraîner l’IA de Meta vous pouvez vous opposer via les formulaires suivants :
Il faudra se connecter à nouveau à votre compte pour pouvoir continuer la procédure.
Cet article pourrait aussi vous intéresser : Droit d’opposition : comment traiter les demandes de vos clients ou prospects
Conclusion
La volonté de Meta d’utiliser les données publiques sur Instagram et Facebook afin d’entraîner ses modèles d’IA a donc des implications concrètes sur votre entreprise. Dans ce contexte, il devient impératif pour les entreprises de reprendre le contrôle sur leurs contenus numériques. Cela passe par la compréhension des enjeux, l’opposition formelle à l’utilisation non désirée des données, et une vigilance constante face aux évolutions des plateformes.
à 
